Stellantis privilégie l’hybride : un revirement stratégique majeur qui questionne l’avenir de l’électrification en France

En bref:

  • Stellantis opte pour la production de transmissions hybrides à l’usine de Termoli, abandonnant le projet de batteries électriques, en réponse à la demande croissante pour les véhicules hybrides en Europe.
  • Cette stratégie vise à renforcer la compétitivité sur le marché français et à adapter l’offre aux attentes des consommateurs, alors que l’électrification massive rencontre des obstacles.
  • L’hybridation est considérée comme une solution transitoire pertinente, garantissant une réduction des émissions de CO2 tout en respectant les normes environnementales actuelles.

La décision de Stellantis de convertir son usine italienne de Termoli à la production de transmissions hybrides, plutôt qu’à celle de batteries électriques comme initialement prévu, illustre un virage stratégique significatif. Cette réorientation, annoncée mi-février 2025, soulève des interrogations cruciales sur l’évolution du marché automobile français et européen, notamment concernant le rythme réel de l’électrification.

Un changement de cap révélateur des dynamiques du marché

La transformation de l’usine de Termoli, qui débutera en 2026, prévoit une production annuelle de 300 000 transmissions hybrides eDCT. Ces boîtes de vitesses automatiques de nouvelle génération, intégrant un moteur électrique compact, équiperont les modèles des différentes marques du groupe : Peugeot, Citroën, DS, Fiat et Jeep. Cette décision s’inscrit dans un contexte où les ventes de véhicules hybrides connaissent une croissance spectaculaire en France, avec une part de marché atteignant 34,4% en 2024, soit une progression de 41% par rapport à l’année précédente.

L’abandon du projet ACC : un signal inquiétant pour la filière batteries

L’arrêt du projet de gigafactory ACC à Termoli, coentreprise associant Stellantis, Mercedes-Benz et TotalEnergies, marque un coup d’arrêt dans le développement de la filière batteries européenne. Cette décision fait suite à la mise en pause du projet en septembre 2024, alors qu’il devait initialement employer 1 800 personnes d’ici 2030. Ce revirement soulève des questions sur la capacité de l’Europe à développer une filière batteries autonome face à la concurrence asiatique.

Une stratégie industrielle adaptée aux réalités du marché

Un réseau de production hybride renforcé

L’usine de Termoli s’intègre dans un dispositif industriel européen plus large, aux côtés des sites de Metz-Trémery (France) et Mirafiori (Italie). Cette organisation permettra au groupe d’atteindre une capacité de production totale de 1,2 million de transmissions eDCT annuellement, positionnant Stellantis comme un acteur majeur de l’hybridation.

Une réponse aux attentes des consommateurs

Les chiffres de vente démontrent que les automobilistes européens privilégient actuellement les solutions hybrides, perçues comme un compromis optimal entre performance environnementale et praticité d’usage. En France, les véhicules électriques ne représentent que 16,9% des ventes, malgré les incitations gouvernementales.

Impact sur le marché français

Des conséquences sur la compétitivité

Cette réorientation stratégique pourrait influencer l’équilibre concurrentiel sur le marché français. Toyota et Renault, déjà bien positionnés sur le segment hybride, devront faire face à une offre enrichie de Stellantis. Cette intensification de la concurrence pourrait contribuer à une baisse des prix et à une accélération de l’innovation technologique.

Enjeux pour l’emploi et la filière automobile

Le site de Metz-Trémery bénéficiera d’une nouvelle ligne d’assemblage pour la production de composants eDCT, renforçant ainsi son rôle dans la stratégie industrielle du groupe. Cette évolution assure la pérennité de l’emploi dans la filière automobile française, tout en accompagnant sa transformation.

Les défis de la transition énergétique

Un ralentissement de l’électrification ?

Cette décision intervient alors que le marché européen montre des signes de résistance à l’électrification massive. Les infrastructures de recharge, bien qu’en développement, ne progressent pas aussi rapidement que prévu. Dans ce contexte, l’hybridation apparaît comme une solution transitoire pertinente, permettant de réduire les émissions de CO2 tout en conservant la flexibilité d’utilisation appréciée des conducteurs.

Adaptation aux politiques environnementales

Malgré l’objectif européen de fin des ventes de véhicules thermiques en 2035, la technologie hybride conserve sa pertinence à moyen terme. Elle permet aux constructeurs de respecter les normes d’émissions actuelles tout en préparant une transition progressive vers l’électrique pur.

Le choix de Stellantis de privilégier l’hybride témoigne d’un pragmatisme industriel face aux réalités du marché automobile. Cette stratégie, si elle peut sembler en décalage avec les ambitions initiales d’électrification rapide, répond aux attentes actuelles des consommateurs et aux contraintes technologiques. Elle souligne la nécessité d’une approche progressive de la transition énergétique dans le secteur automobile, où l'hybride jouera un rôle clé dans les années à venir.

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