En bref:
- Les ventes de véhicules hybrides rechargeables en France ont reculé de 10 % en 2024, atteignant 8,5 % du marché, en raison de la fin du bonus écologique.
- Le marché européen reste majoritairement dominé par les motorisations thermiques, avec les hybrides non rechargeables qui captent près de 35 % des ventes.
- Les constructeurs doivent améliorer l’autonomie électrique et la performance environnementale des hybrides rechargeables pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs et aux réglementations futures.
Alors que le marché automobile européen semble loin de tourner complètement la page des moteurs thermiques, les véhicules hybrides rechargeables tentent de trouver un nouveau souffle dans un contexte réglementaire tendu et des stratégies d’achat en évolution constante. En France, l’enjeu est double : assurer une mobilité plus propre tout en répondant aux attentes parfois contradictoires des consommateurs. Décryptage.
Thermiques, électriques, hybrides : un marché européen complexe 🇪🇺
En dépit des annonces ambitieuses prises par les géants du secteur automobile, l’Europe peine à enclencher définitivement le virage électrique. En effet, Renault espérait par exemple atteindre 30 % de ventes électriques dès 2025, mais la réalité est loin des prévisions avec seulement 13 % réalisées en 2024. Chez Stellantis, Carlos Tavares avait même avancé un basculement total vers l’électrique dès 2030, avant de revoir discrètement cette stratégie au vu des résultats mitigés.
La résistance des motorisations thermiques reste forte en Europe. Début 2025, les véhicules électriques (BEV) représentaient seulement 15 % des ventes européennes, tandis que les hybrides (hors rechargeables) s’imposaient comme la solution préférée, captant près de 35 % du marché.
📌 À retenir :
- Résistance notable des moteurs thermiques en Europe.
- Objectifs ambitieux mais rarement atteints par les constructeurs.
- Confirmation de l’importance des hybrides non rechargeables.
En France, l’hybride rechargeable dans l’œil du cyclone 🌩️
Sur le marché automobile français, les hybrides rechargeables ont connu un recul significatif : en 2024, leurs ventes ont baissé de 10,16 %, représentant à peine 8,5 % du marché (contre 9,2 % en 2023). À noter l’écart marqué entre les marques : Peugeot chute de 47,1 %, tandis que Land Rover grimpe de 82,1 %. Derrière ces chiffres pointe directement la fin de l’aide du bonus écologique sur ces modèles, supprimée depuis janvier 2025.
ℹ️ En bref :
- Baisse de plus de 10 % des immatriculations hybrides rechargeables en 2024.
- Suppression du bonus écologique dès janvier 2025, pesant fortement sur la compétitivité tarifaire des hybrides rechargeables.
Par ailleurs, selon plusieurs études, l’écart entre les consommations annoncées et les usages réels des hybrides rechargeables est préoccupant : une consommation effective souvent 3 à 5 fois supérieure aux chiffres officiels annoncés, engendrant des doutes supplémentaires sur leur performance environnementale réelle.
L’Europe et la bataille du bilan carbone complet 🌍
C’est dans ce contexte mitigé que les représentants du secteur automobile multiplient les initiatives pour influencer les élus européens. Le principal argument avancé ? Le bilan carbone global sur le cycle complet de vie du véhicule. Selon la Fédération des équipementiers français (Fiev), soutenir les hybrides rechargeables reste justifié puisque leur bilan carbone global – de la fabrication au recyclage – serait, sur certains marchés européens, équivalent voire meilleur que celui des véhicules 100 % électriques .
Toutefois, cette affirmation soulève débat et complexité, le bilan carbone d’un véhicule variant fortement selon le pays – en particulier à cause du niveau d’émission de CO₂ liée à la production électrique utilisée.
💡 Conseil d’expert :
- Savoir décrypter le bilan carbone intégral : considérer à la fois l’impact de la fabrication (avantage pour les hybrides rechargeables) et les émissions pendant la phase d’usage (avantage pour les électriques selon les pays).
Pour rendre leur demande plus acceptable, les constructeurs pourraient s’engager à améliorer l’autonomie électrique des hybrides rechargeables – plus de 100 km envisagés – ou à restreindre techniquement leur mode thermique dans les centres-villes. Des négociations avec la Commission Européenne sont prévues à partir du troisième trimestre 2025 ; aucune décision ferme n’est attendue avant 2026.
Opportunités pour les constructeurs français 🇫🇷
Les constructeurs hexagonaux comme Peugeot ou DS se trouvent à un carrefour stratégique : continuer à miser sur les hybrides rechargeables suppose d’améliorer leur performance environnementale et économique face à des attentes consommateurs devenues plus strictes. Des efforts en matière d’autonomie électrique plus importante, combinée à des systèmes activant automatiquement le mode zéro émission en centre-ville pourraient convaincre davantage d’acheteurs urbains sensibles aux réglementations sur les Zones à Faibles Émissions (ZFE).
Par ailleurs, continuer à défendre les hybrides rechargeables ne doit pas faire oublier la nécessité d’un investissement massif dans le développement des VE intégralement électriques, dont la compétitivité ne cesse de progresser grâce aux efforts technologiques constants sur les batteries (autonomie, prix, recharge rapide).
✅ Pistes stratégiques possibles pour les constructeurs :
- Accent sur l’autonomie électrique étendue des hybrides rechargeables.
- Adaptation automatique du mode électrique en zones urbaines sensibles.
- Recherche continue sur la mobilité électrique 100 % décarbonée en anticipant les échéances réglementaires européennes (2035).
Le futur immédiat : des consommateurs en pleine évolution 🔄
Les consommateurs français manifestent aujourd’hui une attitude plus prudente vis-à-vis des hybrides rechargeables, à la fois pour des raisons économiques et environnementales. L’augmentation notable de la part des véhicules électriques à 17 % fin 2024, conjuguée au succès grandissant des véhicules hybrides simples non rechargeables (19,5 %) montre une diversification évidente dans la stratégie d’achat.
Les hybrides rechargeables n’en restent pas moins une réponse intermédiaire pertinente pour de nombreux conducteurs, leur permettant notamment une certaine flexibilité en termes d’autonomie sur longue distance.
📊 Tableau comparatif rapide :
Type de véhicule | Avantages | Inconvénients majeurs |
---|---|---|
Hybride rechargeable | Flexible (électrique et thermique), autonomie étendue | Coût élevé, autonomies électriques limitées, fin des aides en France |
100% électrique | Faibles coûts d’usage, autonomie en progression constante, aides à l’achat | Coût élevé à l’achat, dépendance des infrastructures de recharge |
Hybrides simples | Compromis économique, familiarité | Émissions carbone encore présentes |
Les constructeurs devront donc être en mesure de naviguer habilement entre ces tendances, en proposant une offre variée et bien ciblée, tout en travaillant certainement sur l’amélioration des performances environnementales des modèles intermédiaires que constituent les hybrides rechargeables.
Le défi pour les constructeurs français sera donc de taille : parvenir à conjuguer efficacité environnementale, pertinence économique et attrait technologique pour convaincre une audience nationale et européenne toujours plus exigeante. Les prochains mois seront décisifs, avec des négociations clés prévues à Bruxelles.