En bref:
- Le Volkswagen Tayron PHEV se positionne entre le Tiguan et le Touareg, offrant confort familial et autonomie électrique de 119 km, mais avec un tarif premium débutant à 57 300 €.
- Malgré une motorisation puissante de 272 chevaux et une technologie avancée, il reste dépendant de la batterie pour une performance optimale et fait face à une réglementation complexe pour les PHEV en France.
- Idéal pour les conducteurs hésitants face au tout électrique, le Tayron doit séduire par son rapport qualité-prix et sa capacité à répondre aux besoins quotidiens d’une clientèle en transition énergétique.
Dans un marché automobile en pleine mutation, Volkswagen dégaine le Tayron PHEV, un SUV hybride rechargeable qui vient astucieusement combler l’espace entre le Tiguan et le Touareg. Nouvelle tentative pour convaincre les familles françaises à franchir le pas vers l’électrification, ce modèle a-t-il vraiment les arguments nécessaires pour s’imposer, ou est-il une demi-mesure face aux modèles 100 % électriques déjà établis ? Analyse complète.
Volkswagen Tayron : une place intermédiaire bien définie
Pour situer ce nouveau venu dans la gamme Volkswagen, rappelons d’abord que le Tayron n’est pas tout à fait une nouveauté absolue. Disponible en Chine depuis 2018, il débarque maintenant en Europe pour prendre la suite de l’ancien Tiguan Allspace. Positionné au-dessus du Tiguan classique et juste sous le prestigieux Touareg, le Tayron se distingue notamment par l’absence totale de pièces communes avec les modèles précédents. Un véritable modèle inédit, assumant pleinement son rôle de « chaînon manquant » dans une gamme de SUV déjà très étoffée.
Côté dimensions et habitabilité, le Tayron hybride rechargeable impose immédiatement une concession : impossible d’obtenir la configuration à 7 places disponible ailleurs dans la gamme, batterie oblige. Le modèle hybride rechargeable offre donc exclusivement 5 places, mais compense par un coffre généreux de 885 litres. Sur ce point, le Tayron reste clairement dans sa mission familiale, et Volkswagen ne semble avoir fait aucun compromis sur cet axe fort de son nouveau véhicule.
Technologie et moteur rechargeable : des chiffres prometteurs
Avec une batterie conséquente de 25,7 kWh (capacité brute), Volkswagen affiche une autonomie électrique séduisante pouvant atteindre 119 km. Une caractéristique naturellement conçue pour les trajets quotidiens domicile-travail majoritairement en électrique, avec en prime une recharge rapide à 50 kW sur borne publique DC et seulement 2h30 nécessaires sur une borne de 11 kW en courant alternatif (AC).
Côté puissance, la déclinaison testée délivre une motorisation hybride cumulée confortable de 272 chevaux, fruit d’un moteur thermique essence de 177 chevaux couplé à un moteur électrique réactif. Le couple généreux de 400 Nm reste appréciable malgré le poids conséquent frôlant les 2 tonnes. En revanche, le thermique seul — un 1.5 TSI — montre rapidement ses limites une fois la batterie épuisée, appuyant davantage l’intérêt d’utiliser régulièrement le mode électrique.
Quant à la boîte automatique double embrayage DSG, sans surprise, elle demeure fidèle à elle-même : lente à la réactivité en certaines circonstances, amenuisant ainsi légèrement l’agrément général. Sur ce point, la Volkswagen 100 % électrique ID. 4 ou ID. 7, privée de boîte de vitesse classique, présente un net avantage.
📌 À retenir : Le Tayron propose un équilibre pertinent entre autonomie électrique séduisante et agrément mécanique perfectible une fois la batterie vide. À considérer si l’électrique pur suscite encore quelques réserves chez l’acheteur potentiel.
Positionnement tarifaire : l’ombre du premium assumée
En France, le Tayron hybride rechargeable débute à partir de 57 300 € en version 204 chevaux, atteignant même les 62 500 € pour notre puissant modèle d’essai (272 ch – R-Line). Clairement, Volkswagen cible le haut du panier en matière de SUV hybride rechargeable, assumant sans ambiguïté cette montée en gamme vers des prix premium.
Face à cette grille tarifaire, plusieurs concurrents jouent leurs cartes différemment sur le marché français :
- Peugeot 5008 Hybrid : Plus abordable, dès 45 490 €, mais en retrait en autonomie électrique.
- Renault Espace : Tarifs débutant autour de 45 500 € mais uniquement full hybrid (non rechargeable).
- Skoda Kodiaq : Alternative moins chère (environ 47 000 €) mais sans version hybride rechargeable comparable à motorisation équivalente.
Si l’écart tarifaire avec ces principales références françaises est clairement assumé, Volkswagen compense par sa qualité perçue élevée, son équipement technologique généreux dès les premiers niveaux de finition (« Life Plus ») et un confort indéniable grâce à sa suspension adaptative parfaitement réglée.
💡 Conseil d’expert : Évaluez vos trajets réels quotidiens avant d’opter pour une aussi large autonomie électrique. Un Tayron eHybrid sera plus pertinent si l’usage quotidien s’effectue majoritairement en électrique, réduisant drastiquement votre consommation et vos émissions.
Un contexte réglementaire complexe pour les PHEV en France
Soyons honnêtes : dans la course au moindre gramme de CO₂ émis par kilomètre parcouru, l’avenir des hybrides rechargeables reste contrasté face aux politiques publiques françaises récentes. Si le généreux bonus écologique pour les modèles purement électriques est progressivement revu à la baisse (de 7 000 € à 4 000 € au maximum pour 2025), la fiscalité correspondante pour les hybrides rechargeables s’avère elle aussi restrictive. Malgré leur moindre impact environnemental direct, certains véhicules hybrides rechargeables subissent encore les effets particulièrement pénalisants du malus poids introduit récemment dans l’écosystème automobile français.
Dans ce contexte mouvant, le Tayron risque de séduire principalement les conducteurs régulièrement sensibles aux déplacements urbains en « zéro émission locale », mais hésitants à franchir pleinement le pas au tout électrique. Volkswagen, prudent, continue d’ailleurs d’inscrire les hybrides rechargeables comme un élément clé de sa stratégie énergétique globale en France, aux côtés du pur électrique.
Tayron PHEV : un choix rationnel ou par défaut ?
Finalement, le Tayron hybride rechargeable apparaît comme un modèle rationnel, taillé sur mesure pour les automobilistes encore indécis face au tout électrique. Avec des prestations solides côté confort, technologie, habitabilité et autonomie électrique quotidienne, le Tayron coche bel et bien toutes les cases du SUV familial moderne.
Son principal défi réside donc moins dans ses performances intrinsèques que dans la pertinence de son positionnement tarifaire haut de gamme, face à des véhicules tout électriques toujours plus accessibles et autonomes. Aux consommateurs, désormais, de bien peser leur usage réel et leurs besoins pour décider si ce Tayron PHEV constitue une solution durable et pertinente pour s’engager efficacement dans une transition énergétique pourtant incontournable.