En bref:
- La Toyota bZ7 intègre les technologies avancées de Huawei, notamment HarmonyOS et un système de conduite autonome ADS, marquant un tournant technologique majeur dans l’électrique.
- Ce partenariat sino-japonais illustre la pression concurrentielle croissante sur les constructeurs français, confrontés au défi de maintenir leur souveraineté technologique face aux géants chinois.
- Pour rester compétitifs, les acteurs français doivent renforcer leurs investissements en R&D, favoriser les coopérations européennes et miser sur la qualité et la sécurité des données.
En dévoilant sa nouvelle berline électrique bZ7 au salon Auto Shanghai 2025, Toyota marque un tournant significatif. Équipée de technologies du géant chinois Huawei, ce modèle attire l’attention sur une tendance forte : les partenariats technologiques transnationaux. Si cette collaboration sino-japonaise intrigue, elle soulève aussi des questions cruciales pour les constructeurs automobiles français. Entre opportunités d’innovation et potentiels défis concurrentiels, analysons de près l’impact qu’aura ce choix technologique sur la filière électrique en France.
La Toyota bZ7 : une vitrine technologique signée Huawei
Présentée au salon automobile de Shanghai, la Toyota bZ7 se veut un symbole fort de l’ambition électrique du constructeur japonais. Développée spécialement pour le marché chinois en partenariat étroit avec Guangzhou Automobile (GAC), cette grande berline (plus de 5 mètres) de long) enrichit la gamme électrique de Toyota dénommée "bZ" pour "Beyond Zero".
Le point clé qui retient l’attention demeure cependant l’intégration de technologies issues du géant chinois Huawei. En effet, la Toyota bZ7 embarque notamment le système d’exploitation HarmonyOS, ainsi que des dispositifs perfectionnés d’aide à la conduite (ADAS). Parmi eux, le très avancé système Huawei ADS, équipé d’un LiDAR positionné stratégiquement au-dessus du pare-brise.
Côté habitacle, la bZ7 offre un cockpit intelligent épuré bénéficiant du savoir-faire de Huawei en matière d’infodivertissement et de connectivité, accentuant encore davantage l’intérêt technologique de ce modèle.
Huawei : un acteur incontournable dans l’innovation automobile
Le choix de Toyota n’est pas isolé : Huawei s’affirme progressivement comme un partenaire de choix pour de nombreux constructeurs internationaux en Chine comme Nissan ou Audi. Le groupe chinois investit chaque année environ un milliard de dollars dans la conduite autonome et les véhicules intelligents, ambitionnant de faire de chaque voiture un "troisième espace" digitalisé, connecté et autonome.
Ses technologies, notamment le récent système ADS, proposent déjà une navigation autonome très avancée se passant de routes pré-cartographiées, une option technique encore très ambitieuse même selon les standards occidentaux actuels. Ces solutions complètes expliquent sans doute pourquoi les constructeurs historiques choisissent ces partenariats pour conserver leur compétitivité face aux véhicules électriques chinois de nouvelle génération (Xpeng, Nio), reconnus pour leurs performances technologiques à moindre coût.
📌 À retenir : Huawei s’impose comme une référence en matière de technologies intelligentes et de conduite autonome, poussant même les constructeurs étrangers à des collaborations stratégiques.
Stratégie électrique française à l’épreuve : opportunités et enjeux
Si la Toyota bZ7 n’arrivera pas sur le marché français, sa présentation révèle un dilemme fondamental pour nos industriels hexagonaux. Face à la montée en puissance des technologies venues de Chine, comment garder une souveraineté technologique suffisante tout en restant compétitifs ?
Les constructeurs français se sont en partie inspirés de Toyota en misant sur l’électrification progressive de leur gamme, utilisant notamment des motorisations hybrides rechargeables pour amortir le choc réglementaire. Renault, par exemple, a ajusté sa stratégie initialement 100% électrique pour conserver à moyen terme une offre mixte thermique-électrique cohérente avec les contraintes économiques et industrielles européennes.
Parallèlement, nos acteurs nationaux accentuent leurs efforts de recherche en matière d’autonomie électrique, de performances de batteries et de recharge rapide. Valeo, équipementier français majeur sur le marché, intensifie par exemple ses recherches sur le LiDAR, technologie essentielle pour le développement d’ADAS performants.
Cependant, face aux moyens colossaux engagés par Huawei et les fabricants chinois, deux grands défis persistent pour les marques françaises :
- L’enjeu économique : la pression concurrentielle sera croissante, impliquant une optimisation des coûts de fabrication et une démocratisation plus large des véhicules électriques abordables pour ne pas se couper d’une base clientèle essentielle.
- L’enjeu stratégique et sécuritaire : si les technologies sont attractives, elles soulèvent cependant des questions éthiques et stratégiques sensibles liées à la sécurité des données et à l’autonomie industrielle nationale.
Les démarches françaises possibles pour rester compétitives
Face au défi incarné par la stratégie Toyota-Huawei, plusieurs pistes concrètes pourraient s’offrir aux constructeurs automobiles français :
✅ Renforcer les investissements en partenariat technologique
Intensifier les coopérations européennes ou stratégiques entre acteurs français majeurs pour développer rapidement des systèmes autonomes et connectés capables de rivaliser avec les géants asiatiques.
✅ Développer une véritable filière de souveraineté technologique
Mis à part les investissements privés, l’aide des pouvoirs publics serait déterminante pour engager des budgets R&D conséquents et devenir autonomes en matière de composants clés tels que les batteries et les systèmes connectés.
✅ Miser sur une différenciation qualitative
Proposer des véhicules dotés d’une expérience utilisateur centrée sur l’excellence et la sécurité des données collectées peut constituer une différenciation solide et pertinente sur le marché européen.
💡 Conseil d’expert : Ne sous-estimons pas l’importance stratégique à long terme de ces choix technologiques. Une dépendance excessive envers un fournisseur tiers, même performant, pourrait causer à moyen terme une fragilité concurrentielle et sécuritaire majeure.
Une leçon stratégique pour l’industrie française
Le partenariat entre Toyota et Huawei à travers la bZ7 n’a pas d’impact direct immédiat sur les constructeurs français, mais il constitue assurément un avertissement fort. Dans un environnement où la technologie devient le facteur-clé de différenciation, la France ne peut se permettre d’ignorer la montée en puissance de ces nouveaux partenariats internationaux. La question désormais posée à nos industriels nationaux est claire : sauront-ils anticiper suffisamment tôt ces évolutions afin de préserver à la fois leur compétitivité et leur souveraineté technologique ? L’avenir électrique des constructeurs français pourrait bien dépendre de la pertinence et de la rapidité de leur réponse à ce nouveau défi majeur.