En bref:
- Renault abandonne sa collaboration technique avec Geely, compromettant sa stratégie d’électrification face à la concurrence accrue des constructeurs chinois.
- La part de marché des véhicules électriques en France stagne autour de 17%, tandis que Renault vise 65% d’ici fin 2025.
- Malgré ces défis, Renault prévoit de lancer 10 nouveaux modèles électriques d’ici fin 2025 et d’investir dans sa capacité de production de batteries.
L’annonce de l’échec des négociations entre Renault et le géant chinois Geely concernant une collaboration technique sur la future gamme électrique du constructeur français marque un tournant significatif dans la stratégie d’électrification de Renault. Cette nouvelle, survenue alors même qu’un accord vient d’être conclu pour le marché brésilien, soulève de nombreuses questions sur la capacité du groupe français à maintenir sa compétitivité face à une concurrence chinoise de plus en plus agressive sur le marché européen de l’électrique.
Un contexte de plus en plus tendu pour Renault
En ce début 2025, le paysage automobile européen connaît une transformation profonde, marquée par une électrification accélérée et une concurrence exacerbée. Alors que Renault s’était fixé l’objectif ambitieux d’atteindre 65% de véhicules électriques et électrifiés dans son mix de ventes d’ici la fin de l’année, la réalité du marché s’avère plus complexe. Les derniers chiffres montrent une stagnation de la part de marché des véhicules électriques en France autour de 17%, bien loin des objectifs initiaux du constructeur.
L’échec des négociations avec Geely : un coup dur pour la stratégie d’électrification
La collaboration avortée avec Geely devait initialement porter sur le développement technique de la future gamme électrique de Renault. Cette alliance aurait pu permettre au constructeur français de bénéficier de l’expertise chinoise en matière de batteries et de réduction des coûts, dans un contexte où les constructeurs chinois affichent des coûts de production inférieurs de 30% à leurs homologues européens.
Des implications majeures pour la compétitivité
L’absence d’accord technique avec Geely pourrait avoir plusieurs conséquences :
- Retard technologique potentiel : Renault devra redoubler d’efforts en R&D pour maintenir sa compétitivité face aux constructeurs chinois
- Surcoûts de développement : L’absence de mutualisation des coûts pourrait peser sur les marges du constructeur
- Pression accrue sur les prix : La difficulté à réduire les coûts de production pourrait compromettre la stratégie de démocratisation de l’électrique
La riposte de Renault face aux défis
Pour contrer ces difficultés, Renault accélère sa stratégie d’électrification sur plusieurs fronts :
Renforcement de l’ElectriCity
Le pôle industriel ElectriCity, regroupant les sites de Douai, Maubeuge et Ruitz dans le nord de la France, devient plus que jamais stratégique. Des investissements massifs sont prévus pour optimiser la production :
- Développement de la gigafactory AESC à Douai, avec une capacité initiale de 9 GWh en 2024
- Objectif de 24 GWh de production de batteries d'ici 2030
- Création de 2 500 emplois directs dans la filière batterie
Innovation et développement local
Renault intensifie ses partenariats technologiques en France :
- Collaboration renforcée avec Verkor pour le développement de batteries haute performance
- Investissement dans un centre d’excellence dédié aux véhicules électriques
- Accélération du programme de réduction des coûts batteries, visant -60% au niveau du pack d’ici 2030
La menace croissante des constructeurs chinois
L’offensive des constructeurs chinois sur le marché européen s’intensifie, avec une progression spectaculaire de leur part de marché, passée de 3% à 22% en à peine trois ans. Cette montée en puissance s’appuie sur :
- Des prix particulièrement compétitifs
- Une maîtrise technologique avancée des batteries
- Une intégration verticale de la chaîne de production
- Des modèles innovants répondant aux attentes européennes
Une réponse européenne en demi-teinte
Face à cette situation, l’Union Européenne a mis en place des mesures protectionnistes, notamment des droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois. Cependant, ces mesures pourraient s’avérer insuffisantes face à l'avance technologique et économique des constructeurs asiatiques.
Les perspectives pour Renault
Malgré l’échec des négociations avec Geely, Renault maintient son calendrier ambitieux :
- Lancement de 10 nouveaux modèles électriques d’ici fin 2025
- Développement accéléré de la Renault 5 E-Tech électrique, modèle stratégique pour la reconquête du segment B
- Optimisation continue des coûts de production pour maintenir la compétitivité
L’abandon des négociations techniques avec Geely marque indéniablement un tournant dans la stratégie d’électrification de Renault. Si le constructeur français dispose d’atouts solides pour maintenir sa position sur le marché européen, l’intensification de la concurrence chinoise et l’échec de cette collaboration stratégique le contraignent à redoubler d’efforts pour assurer sa compétitivité future dans le secteur des véhicules électriques.