Stellantis et l’hybridation légère 48V : une stratégie pragmatique face aux défis de la transition énergétique

En bref:

  • Stellantis mise sur l’hybridation légère 48V comme solution accessible pour réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2, avec des gains significatifs observés dans ses modèles.
  • Le groupe investit massivement dans la production et prévoit d’élargir son offre à six nouveaux modèles d’ici 2026, tout en développant des versions plus puissantes pour les hybrides rechargeables.
  • Bien que la technologie présente des limites environnementales par rapport aux hybrides classiques, elle constitue une étape stratégique vers une électrification automobile plus démocratique et durable.

Dans un contexte où l’électrification des véhicules s’accélère (comme expliqué ici), Stellantis déploie une approche singulière avec son système d’hybridation légère 48V. Cette solution technologique, qui se positionne comme une alternative accessible aux motorisations hybrides classiques, mérite une analyse approfondie pour en comprendre la pertinence technique et stratégique.

Une innovation technique audacieuse

Une architecture hybride inédite

Le système d’hybridation développé par Stellantis se distingue par son architecture novatrice. Au cœur du dispositif se trouve une boîte de vitesses électrifiée e-DCS6/7, fruit d’une collaboration avec l’équipementier belge Punch Powertrain. Cette transmission intègre directement un moteur électrique de 28,5 ch, alimenté par une batterie lithium-ion 48V d’une capacité de 0,9 kWh. Le système est complété par un alterno-démarreur de 12 ch monté sur le moteur thermique.

Cette configuration offre une particularité remarquable : contrairement aux autres systèmes mild-hybrid 48V du marché, elle permet une conduite en mode 100% électrique sur de courtes distances, jusqu’à un kilomètre en continu. Une caractéristique qui rapproche cette solution des hybrides "full", bien que dans des proportions plus modestes.

Des performances énergétiques significatives

Les tests réalisés sur différents modèles équipés de cette motorisation révèlent des gains concrets. Prenons l’exemple du Peugeot 2008 : sa consommation en cycle urbain passe de 8,3 L/100 km en version thermique pure à 5,5 L/100 km avec l’hybridation 48V. En conditions réelles d’utilisation, le système permet de rouler jusqu’à 50% du temps en mode électrique en ville, un chiffre remarquable pour une hybridation légère.

Un déploiement industriel ambitieux

Une stratégie de massification

L’ampleur du projet industriel témoigne de l’importance stratégique accordée à cette technologie. Stellantis a investi massivement dans deux sites de production : l’usine de Metz en France et celle de Mirafiori en Italie. La capacité de production cumulée atteindra 1,2 million d’unités annuelles d’ici fin 2024, permettant d’équiper une grande partie de la gamme du groupe.

Un catalogue en expansion rapide

Le déploiement de cette motorisation s’effectue à un rythme soutenu. Elle équipe déjà de nombreux modèles :

  • Peugeot : 208, 2008, 308, 3008, 408, 5008
  • Citroën : C3, C4, C4X, C5 Aircross, C5X
  • DS : DS3, DS4
  • Opel/Vauxhall : Corsa, Astra, Mokka, Grandland
  • Autres marques du groupe : Jeep Avenger, Fiat 600, Alfa Romeo Junior

Des enjeux économiques et environnementaux

Un positionnement tarifaire stratégique

L’analyse des tarifs révèle un positionnement concurrentiel intéressant. Par exemple, la Peugeot 208 Hybrid 136 s’affiche à partir de 24 700 €, quand sa rivale Renault Clio E-Tech démarre à 23 900 €. Toutefois, à finition équivalente, l’écart se creuse en faveur de Stellantis. La version "entry-level" Hybrid 100 de la 208 est même proposée à 22 110 €, rendant la technologie accessible à un plus large public.

Un bilan environnemental en demi-teinte

Si les émissions de CO2 sont réduites d’environ 20% par rapport aux versions thermiques équivalentes, le système montre certaines limites. Les performances environnementales restent en deçà des hybrides classiques, particulièrement sur route. La batterie de faible capacité et l’absence de recharge externe limitent naturellement le potentiel de réduction des émissions.

Des défis techniques à relever

Des points d’amélioration identifiés

Les premiers retours d’expérience mettent en lumière plusieurs axes de progression :

  • Un manque de fluidité dans certaines phases de conduite
  • Des à-coups occasionnels lors des transitions entre modes de propulsion
  • Un freinage régénératif perfectible en progressivité
  • Des sifflements mécaniques, bien qu’en cours d’optimisation

Une fiabilité à confirmer

Les premières remontées du terrain indiquent quelques cas de remplacement précoce de boîtes de vitesses. Bien que Stellantis affirme que ces soucis de jeunesse sont désormais résolus, un recul plus important sera nécessaire pour confirmer la fiabilité à long terme du système.

Perspectives et évolutions

La stratégie d’électrification de Stellantis ne s’arrête pas à cette hybridation légère. Le groupe prévoit d’étendre cette technologie à six nouveaux modèles d’ici 2026, tout en développant une version plus puissante pour les hybrides rechargeables. Cette dernière intégrera un moteur électrique de 115 à 156 ch, associé à une batterie de plus grande capacité.

L’hybridation légère 48V de Stellantis représente une réponse pragmatique aux défis de la transition énergétique, offrant un compromis intéressant entre coûts, performances et bénéfices environnementaux. Si des améliorations restent souhaitables, cette solution permet d’ores et déjà de démocratiser l’électrification automobile, étape essentielle vers une mobilité plus durable.

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