En bref:
- Le Toyota bZ3X, un SUV électrique lancé en Chine à 14 000€, connaît un succès fulgurant avec plus de 10 000 commandes en une heure.
- Si importé en France, il pourrait provoquer une forte concurrence pour les SUV électriques locaux, qui sont généralement beaucoup plus chers.
- L’arrivée de modèles comme le bZ3X pourrait mener à une baisse des prix, une accélération de l’électrification et de nouvelles innovations dans l’industrie automobile européenne.
En ce début 2025, le marché automobile européen s’apprête peut-être à connaître un séisme venu d’Asie. Toyota vient de lancer en Chine son SUV électrique bZ3X à un prix défiant toute concurrence : l’équivalent de 14 000€. Ce modèle familial, qui suscite déjà un engouement phénoménal sur son marché d’origine, pourrait-il révolutionner le paysage électrique français ? Analysons les enjeux et les conséquences potentielles de cette offensive tarifaire.
Un succès fulgurant sur le marché chinois
Le Toyota bZ3X a fait une entrée remarquée sur le marché chinois avec un lancement qui a littéralement dépassé toutes les attentes. Plus de 10 000 commandes ont été enregistrées en à peine une heure, provoquant même un crash du système de réservation. Ce succès immédiat n’est pas surprenant quand on examine l’offre.
Développé en collaboration avec Guangzhou Automobile Group (GAC), ce SUV familial 100% électrique se distingue par des caractéristiques impressionnantes pour son prix :
- Dimensions généreuses : 4,60 m de long, 1,85 m de large et 1,66 m de haut
- Empattement : 2,77 mètres offrant un espace intérieur confortable
- Technologie avancée : système d’assistance à la conduite Momenta 5.0 avec processeur Nvidia Drive AGX Orin X
Le constructeur japonais propose trois versions distinctes au catalogue :
- La version "430 Air" avec batterie LFP de 50 kWh (430 km d’autonomie)
- La version "520 Pro" avec batterie de 58 kWh (520 km d’autonomie)
- La version "610 Max" avec batterie de 68 kWh (610 km d’autonomie)
Toutes ces autonomies sont annoncées selon le cycle chinois CLTC, généralement plus optimiste que le cycle européen WLTP.
Un rapport prix/prestations inédit
L’argument massue du bZ3X réside incontestablement dans son positionnement tarifaire ahurissant. Commercialisé en Chine à partir de 109 800 yuans (environ 13 990€), il monte jusqu’à 159 800 yuans (environ 20 400€) pour la version la plus équipée.
À titre de comparaison, le BYD Atto 3, un concurrent direct en Chine, démarre à 115 800 yuans (14 800€). Sur ce marché, le bZ3X s’impose donc comme une référence en termes de rapport qualité-prix.
🔍 Comparaison des prix avec d’autres modèles Toyota en Chine :
- Toyota bZ3X : à partir de 13 990€
- Toyota Camry : à partir de 21 900€
- Toyota Highlander : à partir de 36 300€
La stratégie est claire : proposer un véhicule électrique familial à un prix comparable à celui comparable à celui d’une citadine thermique d’entrée de gamme.
Quel impact potentiel sur le marché français ?
Si le bZ3X venait à être commercialisé en France avec un positionnement tarifaire similaire (même en tenant compte des taxes et droits de douane), l’onde de choc serait considérable.
Une concurrence féroce pour les constructeurs français
En France, les SUV électriques familiaux se situent dans une fourchette de prix nettement plus élevée :
- Peugeot e-2008 : à partir de 35 740€
- Renault 4 E-Tech (à venir) : à partir de 29 990€
- Renault 5 E-Tech (segment inférieur) : à partir de 25 000€
Même avec l’ajout de taxes à l’importation et en tenant compte des différences d’équipements, le bZ3X pourrait potentiellement se positionner 20 à 30% en-dessous des offres françaises comparables.
Les barrières douanières européennes
L’Union Européenne a récemment renforcé ses droits de douane sur les véhicules électriques chinois pour protéger son industrie. Ces taxes additionnelles pourraient faire grimper significativement le prix final du bZ3X s’il venait à être importé directement de Chine :
- MG fait face à une surtaxe de 35,3%
- BYD est soumis à une taxation additionnelle de 17,7%
Ce contexte explique pourquoi de nombreux constructeurs chinois envisagent désormais d’établir des usines en Europe pour contourner ces barrières.
La stratégie électrique prudente de Toyota en Europe
Toyota a longtemps privilégié l’hybride et adopte une approche prudente sur le tout électrique en Europe. Sa stratégie actuelle repose sur plusieurs piliers :
- Diversification énergétique : maintien d’une offre hybride, hybride rechargeable, électrique et hydrogène
- Objectifs croissants : 250 000 véhicules électriques par an en Europe d’ici 2026 d’ici 2026 (soit 20% de ses ventes)
- Batteries moins chères : introduction de batteries LFP pour réduire les coûts (comme sur le bZ3X) pour réduire les coûts de production de 40% d’ici 2026/2027
- Gamme élargie : six modèles électriques disponibles en Europe d’ici fin 2026
Toyota ne prévoit pas actuellement de commercialiser des véhicules électriques à moins de 25 000€ en Europe. en Europe. Le bZ3X, s’il venait à être proposé, pourrait donc représenter un changement de stratégie majeur.
Le bZ3X arrivera-t-il en France ?
À ce jour, Toyota n’a fait aucune annonce concernant la commercialisation du bZ3X en Europe. Plusieurs scénarios sont envisageables :
- Importation directe avec un prix significativement plus élevé qu’en Chine en raison des taxes
- Production localisée en Europe pour contourner les barrières douanières
- Version adaptée au marché européen avec des caractéristiques et un positionnement différents
📌 À noter : Toyota pourrait également envisager de commercialiser ce modèle sous un nom différent ce modèle sous un nom différent pour l’Europe, comme cela a déjà été le cas pour d’autres véhicules.
Les enjeux pour l’industrie automobile française
L’arrivée potentielle de SUV électriques à prix cassés pose plusieurs défis majeurs :
- Pression sur les marges : les constructeurs français pourraient être contraints de revoir leurs tarifs à la baisse
- Accélération de l’électrification : obligation d’accélérer la sortie de modèles électriques abordables
- Risques pour l’emploi : menace potentielle sur la production locale si les modèles européens perdent en compétitivité
- Innovation accrue : nécessité de se différencier par la technologie et les services plutôt que par le prix seul
Cette situation pourrait toutefois avoir des effets positifs pour les consommateurs français, avec une démocratisation plus rapide de la voiture électrique.
Conclusion : opportunité ou menace ?
Le Toyota bZ3X représente un exemple frappant de la compétitivité croissante des véhicules électriques conçus pour le marché chinois. Qu’il arrive ou non en France sous cette forme, il illustre une tendance de fond : la voiture électrique familiale abordable n’est plus une chimère mais une réalité industrielle.
Pour les constructeurs français, le défi est considérable mais pas insurmontable. L’avance technologique, la proximité avec les consommateurs européens et la maîtrise des réseaux de distribution restent des atouts majeurs. La réponse passera probablement par des alliances stratégiques, une accélération de l’innovation et une adaptation rapide des gammes de prix.
Quant aux consommateurs, ils pourraient être les grands gagnants de cette intensification de la concurrence, avec des véhicules électriques plus abordables et mieux équipés dans les années à venir.