Voitures électriques et diesel au coude-à-coude sur le marché de l’occasion : Quelles conséquences pour la transition énergétique ?

En bref:

  • L’écart de prix entre les voitures électriques et diesel d’occasion se réduit à seulement 520 euros, mais le diesel reste encore très prisé avec 45 % des transactions.
  • Les inquiétudes des consommateurs concernant la fiabilité des batteries électriques retardent la vente de ces véhicules, qui prennent en moyenne 120 jours à se vendre contre 60 jours pour les diesels.
  • Malgré les opportunités offertes par la baisse des prix des voitures électriques, le risque d’une dépendance continue au diesel et les incertitudes sur l’état des batteries nécessitent une vigilance accrue lors de l’achat.

La voiture électrique d’occasion ne coûte désormais en moyenne que 520 euros de plus que sa rivale diesel. Un rapprochement spectaculaire qui interroge fortement sur les opportunités et les risques pour les consommateurs mais aussi pour la transition énergétique du pays. À court terme, le tableau semble positif, mais prudence : plusieurs éléments critiques méritent un éclairage approfondi.

Un rapprochement spectaculaire des prix qui bouleverse le marché

L’écart s’est considérablement réduit ces derniers mois : désormais, selon l’Observatoire La Centrale pour le premier trimestre 2025, la différence n’est plus que de 520 euros entre une voiture électrique d’occasion (20 490 € en moyenne) et son homologue diesel (19 970 €). La baisse spectaculaire des tarifs pour les modèles électriques, de 6,44 % sur le trimestre et 17,51 % sur l’année passée, résulte principalement de l’arrivée massive de modèles citadins comme la Renault Zoé, la Peugeot e-208 ou encore la Tesla Model 3 sur le marché.

Cette convergence est certes une excellente nouvelle pour les défenseurs de l’électrique, désireux d’élargir son accessibilité, mais n’oublions pas que le diesel représente encore 45 % des transactions, contre seulement 2,9 % pour les modèles électriques.

📌 À retenir : L’avancée notable de l’électrique est indéniable, mais le chemin restant à parcourir reste considérable.

Le diesel toujours privilégié par les acheteurs malgré son avenir incertain

Si les prix convergent, l’intérêt des consommateurs demeure très différencié : selon La Centrale, une voiture électrique d’occasion met jusqu’à 120 jours en moyenne pour trouver preneur, contre seulement 60 jours pour un modèle diesel. Les raisons ? Principalement les inquiétudes persistantes des acheteurs quant à l’état des batteries, leur capacité réelle, et les incertitudes sur l’autonomie effective du véhicule.

Eric Champarnaud, expert automobile chez C-Ways, encourage d’ailleurs la prudence :

📢 "Il est essentiel de vérifier soigneusement l’état de santé de la batterie, notamment via un certificat récent. Sans cela, il est très difficile d’être certain de la qualité de son investissement."

Cela explique notamment pourquoi l’attrait pour le diesel, malgré les restrictions croissantes imposées par les Zones à Faibles Émissions (ZFE), reste fort. Même si ces zones commencent progressivement à exclure les véhicules Crit’Air 3 notamment, les acheteurs préfèrent souvent une solution éprouvée, au risque d’une interdiction prochaine, à une électrique jugée encore incertaine.

Voitures d’occasion électriques : le bon compromis ?

Mais derrière ces craintes pourtant légitimes se cachent des réalités souvent méconnues du grand public. En effet, plusieurs études démontrent aujourd’hui la très bonne tenue des batteries. Selon une étude sur 40 000 voitures électriques menée par MyBatteryHealth, seules 2 % des batteries étudiées avaient perdu plus de 25 % de leur autonomie initiale, après une moyenne de 88 000 kilomètres parcourus.

Autre avantage méconnu : il apparaît clairement que le coût global d’une voiture électrique en occasion (entretien, énergie, assurance) est significativement inférieur à celui d’un véhicule diesel équivalent. Une voiture électrique réclame beaucoup moins de maintenance (absence de vidange, de courroie de distribution et bénéficie d’une assurance tous risques en moyenne inférieure de 12 % à celle du diesel.

💡 Conseil d’expert : Pensez à toujours exiger un certificat détaillé sur l’état de santé (SOH) de la batterie et privilégiez les véhicules récemment utilisés plutôt que ceux immobilisés longtemps.

L’impact favorable sur la transition énergétique… à certaines conditions

D’un point de vue environnemental, la convergence tarifaire entre électrique et diesel peut évidemment accélérer la transition du parc automobile français vers une moindre empreinte carbone, à condition que deux critères essentiels soient respectés :

  • Le rythme du renouvellement réel : Aujourd’hui, une grande partie des électriques d’occasion provient d’offres issues de fins de leasing. La multiplication prochaine du retour de ces véhicules en fin de contrat devrait logiquement faire baisser encore les prix, stimulant ainsi davantage les ventes d’occasion électriques.
  • L’origine de l’électricité utilisée pour charger les véhicules : Une électricité majoritairement décarbonée (nucléaire, renouvelables) est clé pour réellement réduire les émissions globales de CO².

Cependant, attention au risque inverse : une chute trop rapide des prix sur le marché secondaire pourrait déstabiliser le marché du neuf, freiner les investissements constructeurs et ralentir paradoxalement la promotion de véhicules électrifiés neufs plus performants, plus autonomes et mieux équipés.

Opportunité ou piège : Quel bilan pour le consommateur ?

Au final, la réduction drastique des prix constitue incontestablement une opportunité, mais à double tranchant. Opportunité certes, car elle rend financièrement accessible une technologie majeure de la transition écologique. Opportunité également car elle ouvre des économies conséquentes à l’usage.

Mais piège potentiel, car les inquiétudes liées à l’état réel des batteries persistent dans l’esprit des consommateurs et exigent vigilance et rigueur dans le choix du véhicule. Enfin, un piège aussi si l’attrait du diesel persiste durablement, prolongeant l’usage massif de véhicules thermiques, alors même que de nombreuses régions durcissent les réglementations ZFE.

ℹ️ Note utile : Vérifiez également les possibilités de subventions locales pour l’achat d’un véhicule électrique d’occasion. Certaines métropoles, comme Rouen ou Strasbourg, proposent jusqu’à 4 000 euros d’aide à l’achat.

La convergence des prix entre électrique et diesel représente donc bel et bien un tournant stratégique pour le marché automobile et pour la transition énergétique. Mais encore faut-il savoir négocier ce virage crucial avec prudence et discernement, pour qu’il ne se transforme pas en impasse inattendue. Le choix personnel de chaque conducteur, alimenté par une bonne information, sera donc déterminant pour faire de cette convergence une réelle avancée.

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