Voitures électriques : la Norvège frôle le 100% électrique, la France peine à suivre

En bref:

  • La Norvège atteint près de 90% de véhicules électriques dans ses ventes 2024, grâce à une stratégie fiscale incisive et une infrastructure de recharge développée.
  • En France, les ventes de voitures électriques ont reculé de 3% en 2024, malgré des aides publiques, en raison de coûts élevés et d’une infrastructure encore insuffisante.

La transition vers la mobilité électrique dessine une Europe à deux vitesses. D’un côté, la Norvège s’affirme comme le champion mondial incontesté avec près de 90% de voitures électriques dans ses ventes 2024. De l’autre, la France voit son marché reculer malgré des ambitions affichées. Cette situation contrastée mérite une analyse approfondie des dynamiques et des choix qui ont conduit à de tels écarts.

Le modèle norvégien atteint des sommets historiques

Une domination sans précédent du marché

Les chiffres publiés ce 2 janvier 2025 par le Conseil d’information sur le trafic routier norvégien (OFV) sont éloquents : sur les 128 691 nouvelles immatriculations enregistrées en 2024, 114 400 concernaient des véhicules 100% électriques, soit une part de marché de 88,9%. Cette progression spectaculaire – 6,5 points de plus qu’en 2023 – rapproche le pays de son objectif ambitieux d’un marché totalement électrifié d’ici fin 2025.

L’analyse mensuelle révèle une accélération encore plus marquée, avec un pic à 96,4% d’immatriculations électriques en septembre 2024. Cette performance historique confirme l’ancrage profond de la mobilité électrique dans les habitudes des automobilistes norvégiens.

Un écosystème mûrement réfléchi

Le succès norvégien repose sur une stratégie globale initiée il y a plus de 20 ans :

  • Une fiscalité intelligemment calibrée : exonération de TVA et de taxes d’immatriculation pour les véhicules électriques, tandis que les motorisations thermiques sont lourdement taxées
  • Des avantages pratiques : accès aux voies de bus, stationnement gratuit, réduction des péages
  • Une infrastructure dense : le pays dispose d’un des réseaux de recharge les plus développés d’Europe, avec une attention particulière portée à la recharge rapide
  • Une production électrique décarbonée : l’hydroélectricité norvégienne garantit une recharge véritablement propre

Un marché dominé par Tesla et les constructeurs établis

Tesla conserve sa position de leader avec 18,9% du marché norvégien en 2024, suivi par Volkswagen, Toyota, Volvo et BMW. Une donnée notable est l’émergence des constructeurs chinois, qui captent collectivement plus de 10% des ventes, signalant une diversification croissante de l’offre.

La France en difficulté malgré les mesures de soutien

Un recul inattendu en 2024

Le contraste est saisissant avec la situation française. Malgré un arsenal d’aides publiques, les ventes de véhicules électriques ont reculé de 3% en 2024, limitant leur part de marché à 17% des immatriculations. Ce taux, bien qu’au-dessus de la moyenne européenne (12-15%), traduit les difficultés persistantes de la transition électrique en France.

Les freins identifiés

Plusieurs facteurs expliquent cette situation :

  • Le coût d’acquisition : malgré les aides, l’investissement initial reste élevé pour de nombreux ménages
  • L’infrastructure de recharge : bien qu’en progression, le maillage territorial demeure insuffisant, particulièrement hors des grands axes
  • L’exclusion des véhicules chinois du bonus : cette décision politique a restreint l’offre de modèles abordables
  • Le contexte économique : l’inflation et la hausse des taux d'intérêt pèsent sur les décisions d’achat

Les mesures de soutien en question

Le leasing social, lancé en 2024, a permis à 50 000 ménages modestes d’accéder à l’électrique pour environ 100€ par mois. Cette initiative, représentant 17% des immatriculations électriques de l’année, n’a toutefois pas suffi à dynamiser le marché global.

Des approches radicalement différentes

Le pragmatisme norvégien

La Norvège a fait le choix d’une politique cohérente et stable dans la durée, combinant :

  • Une fiscalité fortement incitative
  • Des investissements massifs dans l’infrastructure
  • Une approche globale de la mobilité électrique
  • Une production d’électricité majoritairement hydraulique

Les hésitations françaises

La France peine à définir une stratégie aussi claire :

  • Des objectifs ambitieux mais des moyens dispersés
  • Une infrastructure en développement mais encore insuffisante
  • Des aides importantes mais complexes
  • Un mix électrique en transition

La réussite norvégienne démontre qu’une transition rapide vers l’électrique est possible avec une politique adaptée et constante. La France, malgré des efforts significatifs, devra repenser sa stratégie pour atteindre ses objectifs de décarbonation du parc automobile.

Note de la rédaction : Les données présentées sont issues des organismes officiels des deux pays et ont été publiées le 2 janvier 2025.

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